Philippines : l'EI revendique un attentat contre une messe catholique qui a fait au moins quatre morts
Au moins quatre personnes ont été tuées et une cinquantaine d'autres blessées dans un attentat à la bombe perpétré dimanche lors d'une messe catholique dans le sud des Philippines, rapidement revendiqué par le groupe Etat islamique (EI).
"Les soldats du califat ont fait détoner un engin explosif sur un grand rassemblement de chrétiens (...) dans la ville de Marawi", a affirmé le groupe jihadiste dans un communiqué publié sur ses chaînes Telegram.
L'explosion s'est produite pendant une messe dans le gymnase de l'université d'État de Mindanao, à Marawi, la plus grande ville musulmane du pays, a déclaré le chef de la police régionale, Allan Nobleza.
Le lieutenant général de la police Emmanuel Peralta a déclaré que quatre personnes avaient été tuées et une cinquième d'autres blessées dans l'explosion provoquée par un moteur explosif artisanal.
Dans un communiqué, le président philippin Ferdinand Marcos a fermement condamné ces "actes insensés et particulièrement odieux perpétrés par des terroristes étrangers".
Pour sa part, le pape François, dans ses propositions prononcées sur la place Saint-Pierre, a assuré être "proche des familles, des habitants de Mindanao, qui ont déjà tant souffert". L'université d'État de Mindanao a également été condamnée, dans un communiqué, cet "acte de violence", se déclarant "solidaire" de sa communauté chrétienne et des victimes de "cette tragédie".
"Mes amis pleuraient"
Depuis son lit d'hôpital, Chris Honculado, étudiant de 21 ans, a raconté à l'AFP que l'explosion s'était produite dès la première lecture de la Bible à la messe de 07H00 (23H00 GMT samedi). "L'explosion a été très soudaine et tout le monde s'est mis à courir", at-il raconté.
"Quand j'ai regardé derrière moi, des gens gisaient au sol. Nous ne savions pas ce qui s'était passé, tout est allé très vite."
Egalement depuis l'hôpital, Rowena Mae Fernandez, 19 ans, a expliqué qu'elle n'avait pas immédiatement compris la nature de l'explosion mais que les gens fuyaient les lieux. "Mon compagnon et moi avons également couru, même si nous nous sommes écroulés à un moment.
C'est la seule chose dont je me souvienne jusqu'à ce que je sorte du gymnase et que je tombe à nouveau", at-elle racontée à l'AFP. Le maire de Marawi, Majul Gandamra, a exhorté les membres des communautés musulmanes et chrétiennes à rester unis.
"Notre ville est depuis longtemps un symbole de coexistence pacifique et d'harmonie, et nous ne permettons pas que de tels actes de violence éclipsent notre engagement collectif en faveur de la paix et de l'unité", a déclaré M. Gandamra.
L'attentat est survenu après une frappe aérienne de l'armée philippine, vendredi, qui a tué onze militants islamistes de l'organisation Dawlah Islamiya-Philippine à Mindanao.
Un chef d'état-major des forces armées philippines, le général Romeo Brawner, a déclaré qu'il s'agissait peut-être d'une attaque menée en représailles à cette opération militaire contre les organisations islamistes Dawlah Islamiyah-Philippines, Abou Sayyaf et Maute, dans l'ouest de Mindanao.
"C'est une perspective que nous étudions", a déclaré M. Brawner lors d'une conférence de presse.
"Une composante étrangère"
En mai 2017, des centaines d'hommes armés étrangers et militants pro-EI Maute et Abou Sayyaf locaux pro-EI s'étaient emparés de Marawi.
L'armée philippine a repris la ville en ruines après une bataille de cinq mois qui a coûté la vie à plus d'un millier de personnes. "Il y a de fortes indications d'une composante étrangère" dans l'attaque de dimanche, a déclaré le secrétaire à la Défense Gilbert Teodoro aux journalistes.
Lanao del Sur et Maguindanao del Sur font parti de la région autonome Bangsamoro en Mindanao musulmane.
Le ministre en chef du gouvernement de Bangsamoro, Ahod Ebrahim, a dit "condamner ces actes atroces et lâches", appelant à une "enquête approfondie". Les attaques de militants contre des bus, des églises catholiques et des marchés publics sont caractéristiques des troubles qui secouent la région depuis des décennies.
En 2014, Manille a signé un pacte de paix avec le plus grand groupe rebelle du pays, le Front moro de libération nationale, mettant ainsi fin à leur armée insurrection sanglante.
Mais il reste de petites bandes d'insurgés musulmans opposés à l'accord de paix, y compris des militants ayant fait allégeance au groupe Etat islamique.
La Rédaction (avec AFP)